Ils riront tous
Quand moi je ne saurai même plus quel sentiment cela procure
Ils seront tous encore là
Et dans le vent j'entendrais leurs sinistres murmures
Ils resteront, marchant, frippés et appuyés sur leurs cannes
Quand ils auront oublié que j'ai eu un jour une âme
Quand moi je ne serai plus qu'un souvenir
Dans l'esprit de ceux qui ne voudront plus se rappeler
Quand plus rien n'arrivera à l'avenir
Et que personne ne voudra plus essayer
Quand mes rares éclats de rire
Ne retentiront plus que dans le vent violent et cinglant
Qui fera tomber les vieillards usés,
S'agrippant à leurs fragiles cannes, une vie sans intêret
et moi j'éclaterai d'un rire franc
Venant de mon cœur depuis longtemps envolé...
Les draps froids me retiennent loin d'une réalité certaine
Comme le marbre sur la tombe d'une folle
Dans mes flammes de douleur, je m'éveille
Et mon sommeil fragile me frôle
Plus rien ne me rattache à ce monde qui ne cesse de me rejeter
Et de me faire croire que je ne suis que son jouet
La nuit me serre et m'étouffe dans ses bras morts
et dans ma frayeur, je ne peux qu'en redemander encore...
Dans cette étreinte forcée, je réalise que je pourrais mourir
Ou bien faire partie toute ma vie
D'un jeu macabre et morbide
Où je ne suis qu'un pion sur une table vide...
Ils seront tous encore là quand les émotions ne seront plus que des détails
Et que tout le monde aura compris qu'il n'est plus de taille
Quand mon cœur sellé sous terre
Dans sa boite sans valeur
Ne sera plus qu'un tas de poussières
Dispersées par le malheur...
Alors je resterais là, observant le monde
Observant ces vieillards souffrants et malades
Dont la seule distraction est de se faire du mal
Et je sourirai sans me forcer pour la première fois
J'aurai attendu de disparaitre pour essayer de voir
la chance que j'ai de ne pas etre comme eux
La chance que j'ai de les voir malheureux
Car j'aurai préféré m'en aller
Alors qu'ils auront fait le choix de rester
Alors que moi, je serai si bien ou je suis
Et je les observais d'où j'aurai ma terre
Je préfère etre un esclave maudit au paradis
Qu'un roi béni en enfer...
Yukiguni